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Editorial

LA REDACTION

Parce que l’inconscient est achronique et toute époque y a sa part.

La revue Les cahiers A’chroniques. Philosophie et Art a été créée par Caroline Guth en 2018. Après cinq numéros, le Covid marqua une pause dans la publication. Avec une nouvelle équipe, nous avons décidé de relancer en 2023 la revue, qui s’intitule désormais Les cahiers A’chroniques. Art & Sciences Humaines. Les cahiers A’chroniques. Art & Sciences Humaines se proposent de développer une réflexion autour de la dichotomie ordre-désordre à partir de multiples perspectives et dans le but de faire dialoguer différentes disciplines (philosophie, art, littérature, sociologie, anthropologie, droit etc.). À l’origine de cette idée, on trouve la réflexion suivante. Nos sociétés s’inscrivent au sein d’un ordre symbolique qui façonne, agence et règle nos pratiques et qui rythme le cours de nos vies individuelles. C’est dans le cadre d’une structure pré-ordonnée que les évènements s’enchaînent et que les acteurs se rapportent les uns aux autres. On se conforme volontiers à des modèles de régulation qui visent le développement linéaire de nos actions, la concordance et l’harmonie dans leurs rapports mutuels ainsi que la prévisibilité dans l’avenir. Le déroulement de la vie commune suit souvent un parcours déjà tracé et procède de façon régulière et ordinaire selon une cadence continue, mesurée et invariable. Le temps est dans cette perspective l’exemple par excellence d’un ordre partagé, notamment à travers le calendrier. Celui-ci organise le temps et rythme la succession des évènements, établit une chronologie (structurant la mémoire) et assure la possibilité d’anticiper, de programmer et de planifier. Grâce au calendrier, le simple fait de passer du temps dans certaines tâches acquiert une valeur symbolique, car il permet non seulement de mesurer le temps, mais de lui donner un sens d’un point de vue individuel, social et institutionnel. Et pourtant, cet ordre peut, de manière soudaine et inattendue, être altéré et perturbé. L’interruption du déroulement ordinaire par l’irruption de l’urgence peut produire un décalage, un écart, une discontinuité, une discordance. L’émergence du nouveau et de l’imprévu, l’ordonnancement établi ainsi que l’action même des acteurs semblent perdre leur sens. Que se passe-t-il lorsqu’une rupture se produit dans un modèle de régulation ou dans un ordre préétabli ? Que nous arrive-t-il lorsqu’une structure que nous nous donnons est remise en cause et engendre des désajustements ? Il est alors possible d’aller au-delà, de telle sorte qu’une autre forme de mise en ordre puisse voir le jour, un nouvel ordre se surimposant au précédent, une nouvelle temporalité venant à s’instaurer. Comme l’évoque le titre de la revue, l’écoulement régulier du temps cède alors le pas à des changements de vitesse, à des ruptures brusques ou encore à un décrochage du rythme et à la nécessité de sortir du chemin. La tension entre mise en forme et dérèglement, entre structure et désajustement, entre ordre et désordre constitue le fil rouge qui inspire cette nouvelle période de la revue ainsi que le champ d’investigation et de recherche des différents numéros à venir. L’écart entre l’ordonnancement et l’exigence de mettre en place les conditions pour des désajustements fait l’objet d’un questionnement méthodologique, épistémologique et pratique au sens large (de la théorie de l’action à la théorie des institutions). La revue Les cahiers A’chroniques se veut un lieu d’échange et de discussion au croisement des disciplines et à travers les contributions de chercheurs, critiques d’art et artistes. Nous souhaitons aussi en faire un espace de liberté d’écriture pour les chercheurs souhaitant échapper aux contraintes académiques de l’exercice universitaire. Soucieuse cependant de ne pas perdre le contact avec la recherche universitaire sur les thématiques qui la constituent, la revue Les cahiers A’chroniques est associée au réseau de recherche CHRONOS. Fondé en 2018 à l’initiative d’Hubert Rodarie, ce réseau a pour vocation de réfléchir aux modèles de régulation qui fondent les rapports entre les hommes et les normes. L’un des axes de travail du réseau CHRONOS est de comprendre la manière dont la volonté d’une trop grande linéarisation de l’action par des normes peut conduire à déclencher des crises qui donnent précisément l’impression d’être « a’chroniques ». En ce sens, la revue contribue, dans la dimension qui est la sienne, à la réflexion sur les exigences actuelles de soutenabilité des systèmes de régulation et se donne pour ambition de proposer de nouvelles pistes de recherche. Plus qu’un rassemblement d’objets de recherche communs, c’est davantage une convergence de regards qui fonde la cohérence du projet Les cahiers A’chroniques / CHRONOS. Un thème général est choisi par numéro, dont le but est d’associer de manière pertinente et féconde différentes réflexions provenant de disciplines universitaires ou d’approches littéraires, et incluant la dimension artistique du thème. Une chronique en style libre intitulée « Chroniques de l’antimonde » propose une réflexion hors-thème à la fin de la revue.

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